Crypto : les offres bancaires

Une menace pour les CGP ?

Les banques déploient leurs offres crypto

Après des années d'ouverte hostilité, les banques proposent, les unes après les autres, des offres crypto à leurs clients. Il est désormais loin le temps où la banque fermait votre compte si elle avait connaissance d'une quelconque exposition aux cryptoactifs. Dernier en date, le groupe BPCE se lance à son tour en proposant désormais à ses clients du Bitcoin et de l'Ether directement depuis son application.


Une concurrence déloyale ?

Beaucoup commencent à le murmurer : dans la course aux parts de marché, le combat est inégal : l'agrément PSCA qui devient obligatoire dans 6 mois pour tous les prestataires sur cryptoactifs est hors de portée pour la plupart des acteurs non bancaires. De facto, les réseaux bancaires sont en train de préempter le marché... ce qui devrait également inquiéter les CGP.


Le risque de captation de clientèle

En effet, non contents de ne pouvoir orienter leurs clients que vers des solutions décentralisées pour des raisons règlementaires, les CGP pourraient voir demain leurs clients se diriger à nouveau vers les banques, devenues de facto les seuls acteurs autorisés à proposer des cryptoactifs. Un produit d'appel susceptible de permettre aux banques de reconquérir une clientèle qui les a fui, faute d'être en mesure de proposer des produits compétitifs sur les autres types de placement.


Marché crypto : transformation de la demande

Quelles conséquences ?

Que se passe-t-il ?

L'intérêt du grand public pour les cryptoactifs, mesuré par les recherches Google et l'activité des spéculateurs, est retombé à des niveaux de marché baissier. En conséquence, les positions sur les contrats perpétuels se sont effondrées  (-44 % sur le Bitcoin depuis le pic d'octobre, -50 % sur l'Ethereum). Mais alors que les investisseurs particuliers se retirent, une accumulation silencieuse des institutionnels redessine la structure de l'offre.


Quelles conséquences ?

Le manque de profondeur des carnets d'ordre qui découle de ce désintérêt du marché retail a pour conséquence un regain de volatilité. En effet, il faut désormais beaucoup moins de capitaux pour provoquer des variations de prix significatives. Le marché est devenu plus sensible aux flux mineurs. Ce regain d'explosivité est renforcé par l'accumulation des acteurs institutionnels qui contribuent de manière déterminante à la raréfaction de l'offre disponible : c'est ainsi plus de 25.000 bitcoins qui ont été retiré des exchanges centralisés ces 2 dernières semaines. Les institutionnels profitent des creux de marché pour acheter mais sans chasser le prix à la hausse et surtout sans revendre.


La Fed comme futur catalyseur ?

Paradoxalement, l'offre migre d'une disponibilité immédiate vers une conservation long terme mais sans pour autant pousser le cours à la hausse. Dans un tel contexte, si une rupture baissière paraît peu probable, un mouvement de hausse prolongée pourra difficilement dépendre de facteurs endogènes. Beaucoup d'observateurs estiment ainsi que seule une inflexion nette de la politique monétaire de la Fed pourra être le catalyseur de la prochaine rupture. Au-delà de la baisse attendue du taux directeur, l'attention se porte sur une possible reprise du quantitative easing susceptible de relancer l'afflux des liquidités sur les actifs risqués.


Agréments MiCA

Bilan d'étape

De quoi s'agit-il ?

MiCA (Marchés des crypto-actifs) est le cadre réglementaire conçu pour harmoniser les règles entre les 27 États membres de l’UE, ainsi que les pays de l’Espace économique européen (Islande, Norvège et Liechtenstein) concernant les prestataires autorisés à délivrer des services relatifs à cette classe d'actifs. À partir de juillet prochain, la période de transition prendra officiellement fin et les entreprises qui n’auront pas obtenu cet agrément ne pourront plus offrir de services sur crypto-actifs.


La situation, à 6 mois de la fin de la période transitoire

Après un an de mise en œuvre de MiCA, l’Allemagne a délivré le plus grand nombre de licences, bien devant les Pays-Bas (22) et la France (11). Le retard français ne manque pas d'interroger quand on sait que c'est la régulation française instaurée par la loi Pacte qui a directement inspirée la règlementation européenne. Parmi les prestataires historiques, les inquiétudes commencent à se faire jour concernant la continuation de leurs activités, et ce d'autant plus que le conseil sur cryptoactifs est lui aussi régulé ce qui ne manque pas d'inquiéter également les CGP.


Les raisons du retard français

La principale cause pointée par les acteurs vient du fait que l'AMF a une interprétation stricte du règlement MiCA. Le régulateur impose notamment des mesures de cybersécurité supplémentaires là où d'autres acteurs en Europe applique le cadre de manière beaucoup plus souple. Par ailleurs, la question du manque de moyens humains affectés à ce dossier est un sujet de préoccupation depuis plusieurs mois concernant l'AMF. Le risque que beaucoup pointent, c'est la disparition d'acteurs français au bénéfice d'autres prestataires ayant obtenu leur agrément ailleurs en Europe et, de ce fait, autorisés via le passeport européen à opérer également en France.


Patrimoine des Français

L'INSEE confirme le grand écart

De quoi s'agit-il ?

Les chiffres publiés mercredi 9 décembre par l’Insee rappellent l’ampleur des inégalités dans la répartition du patrimoine en France. Au début de l’année 2024, 10 % des Français détenaient, en moyenne, un patrimoine brut supérieur à 858 000 euros, tandis que 30 % d’entre eux se contentaient de moins de 40 000 euros. Les 10 % les plus riches possédaient ainsi près de la moitié de la masse totale du patrimoine brut détenu en France.


La place centrale de l'héritage

Les inégalités de fortune, qui se constituent à partir des donations et héritages, et qui résultent de l’accumulation des biens (immobilier, actifs financiers, bien professionnels) tout au long de la vie sont ainsi deux fois plus fortes en France que les inégalités de revenus. Sur l’indice de Gini, l’inégalité entre patrimoines était, début 2024, de 0,652, tandis que celle entre revenus était de 0,299. Qui plus est, ces inégalités se sont creusées ces dernières années, les revenus du capital progressant plus vite que ceux du travail.


Le patrimoine professionnel : le plus concentré

Parmi toutes les composantes du patrimoine (immobilier, actifs financiers… ), c’est le patrimoine professionnel (entreprises, terres, machines, bâtiments, stocks…) qui est le plus concentré dans les mains d’une minorité : les 5 % des ménages les mieux dotés en patrimoine professionnel possèdent, à eux seuls, 95 % de ces actifs. Et seuls 15 % des ménages français possèdent du patrimoine professionnel.


Self Custody

Vers une obligation de déclaration dès 5000 €

De quoi s'agit-il ?

Un amendement adopté en commission des finances ouvre la voie à la déclaration obligatoire des portefeuilles non gérés par des tiers. Cette mesure aligne la fiscalité crypto sur les comptes étrangers, mais elle soulève des inquiétudes majeures en matière de sécurité des données.


Un problème de sécurité ?

Si la mesure se justifie sous l'angle de l'équité fiscale, elle suscite de vives inquiétudes au regard du contexte sécuritaire de l'année 2025. La création d'un fichier centralisé recensant les détenteurs de portefeuilles physiques (cold wallets) est perçue comme un risque systémique par une partie de l'écosystème.


Une qualification discutable

Pour le législateur, les crypto-actifs sont considérés comme des actifs financiers. Pourtant, l'auto détention d'actifs numériques s'apparente davantage, dans sa philosophie, à la détention d'or physique ou d'œuvres d'art à domicile. Or, la possession de lingots ou de bijoux n'est pas soumise à déclaration tant qu'il n'y a pas de cession.