Accord EDF - MARA
Une abdication en rase campagne ?
De quoi s'agit-il ?
Selon une information The Big Whale, le rachat de la filiale de EDF, Exaion, par l’américain Mara cache une clause explosive : si celui-ci se concrétisait, EDF n’aurait plus le droit d’exercer la moindre activité de calcul informatique intensif pendant deux ans. Cette interdiction signifierait que le groupe français n'aurait plus le droit de rentabiliser son énergie fatale en la mettant à disposition d'infrastructures d'intelligence artificielle ou de minage de Bitcoin.
Quelle cohérence ?
L'information, si elle était avérée, interroge sur la cohérence stratégique du groupe. En effet, toujours selon TBW, EDF travaillait depuis un an sur un projet interne, baptisé FlexMine, destiné à valoriser les surplus d’électricité en alimentant des infrastructures de calcul flexibles pour l’IA et le Bitcoin. Quand on connaît la position de principe historique du groupe de ne pas participer à l'économie du minage, ces revirements successifs ne manquent pas de surprendre.
Pourquoi ?
Le projet aurait été abandonné depuis la signature avec Mara qui rapporterait seulement 20 millions de dollars dans les caisses de EDF. On peut donc supposer que les considérations financières ne sont pas la première motivation en cette affaire. Mais alors pourquoi un tel renoncement alors même que tout le monde se bat pour sécuriser de la capacité de calcul et que l'énergie produite en France, très majoritairement d'origine nucléaire, est particulièrement bon marché ? Pire encore : quand on sait que Mara est soumis au Cloud Act américain, l'affaire soulève des questions de souveraineté numérique majeures.
La tokenisation d'actifs
Etat des lieux
De quoi s'agit-il ?
Longtemps cantonnée au marché des stablecoins, la tokenisation s’étend désormais à de nouvelles classes d’actifs jusque-là réservées aux institutions : on tokenise désormais également des bons du Trésor, des fonds monétaires, et même des actions. En deux ans, le marché de la tokenisation a triplé et la dynamique paraît désormais irréversible.
Un marché tout juste émergent
Sur les quelque 500 000 milliards de dollars d'actifs existants dans le monde (actions, obligations, immobilier ou fonds, etc.), à peine 320 milliards sont aujourd'hui disponibles sur une blockchain. Les stablecoins dominent toujours avec près de 300 milliards de dollars d'encours, soit quasiment 90 % de la valeur totale.
L'essor des RWA
La véritable transformation provient désormais des actifs du monde réel (RWA), dont la valeur tokenisée dépasse 32 milliards de dollars à l'automne 2025, soit une hausse de plus de 135 % en un an. Cette catégorie regroupe principalement les bons du Trésor américains, le crédit privé et, de plus en plus, les parts de fonds et les actions non cotées.
Les fonds monétaires tokenisés
Etat des lieux
Un marché encore confidentiel
Alors que les fonds monétaires classiques représentent plus de 10 000 milliards de dollars d'encours, les encours des fonds tokenisées ne dépassent qu'à peine les 8 milliards de dollars à ce stade de leur développement, soit moins de 0,1 % du marché global.
Une croissance spectaculaire
La croissance est cependant très nette : les encours ont quasiment doublé depuis le début de l'année, portés par des flux institutionnels conséquents dans le sillage de BlackRock (BUIDL), Circle ou Franklin Templeton. Plus que jamais, la convergence entre la finance traditionnelle et la finance décentralisée est désormais à l'oeuvre.
La gestion de trésorerie, principal cas d'usage ?
La dynamique pourrait redéfinir la manière dont la trésorerie institutionnelle est gérée à l'avenir. Les avantages de la tokenisation sont déterminants : le règlement est quasi instantané, les transactions sont transparentes, sont réalisées en temps réel et le marché est accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Des caractéristiques qui séduisent au-delà des acteurs traditionnels de la DeFi. La gestion de trésorerie des entreprises pourraient massivement se réorientée sur ce type de véhicule.
Le crédit on-chain
Introduction
Quelle est la situation ?
Longtemps cantonné à la sphère crypto, le crédit onchain s’impose désormais comme l’un des terrains les plus dynamiques de la finance décentralisée. D'abord apparu sous forme de prêts surcollatéralisés entre traders, cette branche de la Finance Décentralisée tend à se développer sous l'impulsion des institutionnels. Peu à peu apparaissent des protocoles utilisant la blockchain comme une infrastructure de crédit programmable, capable de financer entreprises, fonds et investisseurs avec la même efficacité que les marchés obligataires.
Le crédit collatéralisé crypto-natif
C'est historiquement le premier modèle à être apparu en DeFi. Concrètement l'emprunteur dépose un actif volatile (Bitcoin, Ethereum, ...) comme collatéral et emprunte des stablecoins. Inspiré du crédit Lombard, le modèle reste inefficace en capital car il nécessite une surcollatéralisation (de 120% à 200%) pour garantir l'effectivité de la liquidation de la position au cas où la valeur de l'actif déposé chute brutalement. Y ont principalement recours les traders qui font du levier et les investisseurs qui cherchent de la liquidité sans vendre leurs actifs.
Le crédit adossé aux Real Word Assets (RWA)
C’est aujourd’hui le moteur le plus dynamique du crédit onchain. Les plateformes proposent d’emprunter en stablecoins contre du collatéral de titres issus de la finance traditionnelle qui ont été tokenisés pour être accessibles en DeFi. Parmi ces collatéraux d'un nouveau genre, on retrouve les bons du Trésor mais aussi des obligations, des créances commerciales ou même des actions. Le protocole Aave Horizon, par exemple, permet de déposer des obligations souveraines tokenisées avec des taux compétitifs par rapport à ceux pouvant être obtenus en passant par les circuits traditionnels.
Euro Numérique
Plan de survie de la BCE ?
La crise du marché interbancaire
Les marchés interbancaires fonctionnent au ralenti : les banques ne se prêtent plus entre elles, faute de confiance. Elles se refinancent principalement auprès de la BCE, souvent à taux préférentiels, pour boucler leurs bilans quotidiens, refinancer d’anciens prêts ou même acheter les obligations que la BCE rachète ensuite. C’est un circuit fermé, entretenu depuis 2008, où la BCE est devenue un engrenage central du système, ce qui met en évidence la fragilité des banques commerciales.
L'euro numérique : plan B en cas de crise systémique ?
En instaurant l'euro numérique de détail la BCE deviendrait, de facto, une banque de détail de dernier ressort. C'est potentiellement l'instauration d'un monopole monétaire intégral qui supprime les intermédiaires. L'avantage d'un tel système tient au fait qu'il deviendrait moins vulnérable aux potentiels défaillances des banques commerciales. L'inconvénient c'est qu'il fragilise ces dernières et rend plus probable un tel scénario.
Une approche aux antipodes du reste du monde
Aux antipodes de cette potentielle centralisation du système monétaire, la Fed encourage l'innovation en laissant libre cours aux initiatives de création de stablecoins privés (mais régulés). Et pendant ce temps, les BRICS n'ont de cesse de s'affranchir par tous les moyens de leur dépendance au système monétaire existant, à Swift et au dollar en utilisant la DLT et les stablecoins comme autant d'échappatoires.

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