Semaine 49
Chaque semaine, nous vous proposons en version intégrale un article THE BIG WHALE, premier media crypto indépendant en France.
Dans la feuille de route d'Ethereum, il y a les mises à jour qui font du bruit, et celles qui construisent les fondations. Après "The Merge" en 2022 (le passage à la preuve d'enjeu) et "Dencun" en 2024 (l'introduction des "blobs" de données), Fusaka s'inscrit dans la seconde catégorie : une évolution structurelle critique, conçue pour faire passer le réseau d'un système artisanal à une infrastructure industrielle.
Comprendre Fusaka ne nécessite pas de savoir coder, mais de saisir comment Ethereum compte régler son problème de "tuyauterie" pour accueillir les volumes de transactions de la finance globale.
PeerDAS et la fin du goulot d'étranglement
Le principal frein à l'expansion d'Ethereum résidait jusqu'ici dans la gestion des données. Les réseaux de "seconde couche" (Layers 2) comme Arbitrum, Optimism ou Base, qui traitent les transactions rapides et bon marché, doivent "ancrer" leurs preuves sur la chaîne principale Ethereum. Jusqu'à présent, cela obligeait les validateurs du réseau à télécharger des paquets de données massifs, créant un engorgement.
La solution apportée par Fusaka se nomme PeerDAS (Peer Data Availability Sampling).
Pour vulgariser : imaginez que pour vérifier l'intégrité d'un livre, chaque validateur devait auparavant le lire en entier. Avec PeerDAS, le protocole permet aux validateurs de vérifier le livre en ne lisant que quelques pages aléatoires (environ 12,5 % des données). Grâce à des procédés mathématiques avancés (erasure coding), si suffisamment d'acteurs vérifient des pages différentes, le réseau peut garantir mathématiquement que le livre est complet et valide.
L'impact technique est drastique :
- Les besoins en bande passante pour les validateurs chutent de 85 %.
- La capacité de stockage de données pour les Layer 2 est multipliée par 3,5.
Vers des performances de type "Visa"
C'est ici que l'upgrade prend tout son sens pour les investisseurs. En libérant cette capacité, Fusaka permet théoriquement à l'écosystème Ethereum (Layer 1 + Layers 2) de traiter plus de 100 000 transactions par seconde (TPS).
À titre de comparaison, le réseau Visa traite en moyenne 65 000 TPS. Ethereum ne cherche plus seulement à être une plateforme de contrats intelligents, mais à devenir une couche de règlement capable d'absorber des flux financiers mondiaux sans saturation ni explosion des coûts.
D'ailleurs, les frais de transaction sur les Layer 2, déjà réduits par les mises à jour précédentes, devraient encore baisser de 40 à 60 %, rendant économiquement viables des opérations complexes de DeFi (Finance Décentralisée) ou de micro-paiements qui étaient jusqu'alors trop coûteuses.
Autres améliorations : stabilité et expérience utilisateur
Outre la performance brute, Fusaka introduit des éléments de confort :
Prévisibilité des coûts : Un nouveau mécanisme de "réserve de frais" pour les blobs de données a été intégré. Au lieu de subir une volatilité extrême des prix lors des pics d'utilisation, le réseau lissera les coûts, offrant une meilleure visibilité comptable aux opérateurs de Layer 2.
Sécurité et UX : L'intégration de la norme secp256r1 (via l'EIP-7212) est une avancée discrète mais puissante. Elle permet une compatibilité native avec les enclaves sécurisées des smartphones modernes (FaceID d'Apple, Android). À terme, cela signifie que signer une transaction crypto pourrait devenir aussi simple et sécurisé que de valider un paiement Apple Pay, supprimant la friction des clés privées complexes pour l'utilisateur final.
Quel impact sur le prix de l'ETH ?
À court terme : Pas de choc d'offre.
Contrairement à l'upgrade EIP-1559 (qui a commencé à brûler des ETH) ou au Merge (qui a réduit l'émission), Fusaka n'agit pas directement sur la rareté du jeton (tokenomics). Au contraire, en baissant les coûts pour les Layer 2, il pourrait même réduire marginalement la quantité d'ETH brûlée par transaction dans un premier temps. Il ne faut donc pas s'attendre à une mécanique haussière "automatique" et immédiate le jour de la mise à jour.
À long terme : Un catalyseur fondamental car Fusaka est un puissant vecteur de valeur fondamentale.
Avantage concurrentiel : En atteignant des débits de 100 000 TPS tout en restant décentralisé (grâce à la baisse des prérequis matériels pour les nœuds), Ethereum neutralise le principal argument de vente de concurrents comme Solana : la vitesse.
Effet de réseau : En rendant l'infrastructure capable d'accueillir des applications grand public et institutionnelles sans friction, Ethereum sécurise sa place de leader. Plus l'activité sur les Layer 2 est intense, plus la demande pour de l'ETH (nécessaire pour régler la sécurité sur la couche principale) se stabilise à la hausse.
En conclusion : Fusaka ne déclenchera peut-être pas un "bull run" instantané, mais il valide la thèse d'investissement d'Ethereum comme la couche de règlement universelle d'Internet.
The Big Whale est le premier media indépendant traitant des cryptoactifs dans une perspective financière.
Pour vous renseigner sur les modalités d'abonnement :


Member discussion: