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Distancé par BlackRock, le leader européen de la gestion d’actifs prépare le lancement de ses premiers produits indexés sur le bitcoin. Ils sont attendus pour le début de l’année 2026.

Après avoir observé, impassible, le raz-de-marée BlackRock emporter tout sur son passage, Amundi franchit le pas. Selon nos informations, le leader européen de la gestion d’actifs prépare le lancement de ses propres ETN bitcoin - équivalent en Europe des ETF américains.


Un lancement en 2026

Interrogé par The Big Whale, Amundi a réagi :

"Tout en conservant notre approche prudente et sélective, la réglementation MiCA nous permet désormais d'envisager une première initiative liées aux actifs numériques. En explorant des opportunités à travers des véhicules dédiés et structurés de manière appropriée, nous pourrions répondre à la demande de certains de nos clients sous réserve des autorisations des autorités de tutelle."

Toujours selon nos informations, la conservation des bitcoins et, à termes, des autres actifs numériques, pourrait se faire via Caceis, l’une des filiales du géant bancaire Crédit Agricole, qui est l’actionnaire principal d’Amundi - à hauteur de 68,7%.

Caceis a obtenu il y a quelques mois l’agrément MiCA pour plusieurs activités et notamment la conservation d’actifs numériques. L’arrivée d’Amundi, qui gère plus de 2000 milliards d’euros d’actifs, est un nouveau signe que les acteurs de la finance traditionnelle accélèrent sur le bitcoin et les actifs numériques.

“Le succès de BlackRock les a obligés à bouger”, confie un proche du géant européen.

Un démarrage historique pour BlackRock

Il faut dire que l’exploit est sans précédent : l’iShares Bitcoin Trust (IBIT) détient aujourd’hui plus de 800 000 bitcoins pour le compte de ses clients, soit près de 4 % de l’offre totale, l’équivalent de 97 milliards de dollars. C’est plus que la société américaine Strategy (640 000 bitcoins) présidée par Michael Saylor.

En à peine vingt mois, BlackRock a transformé son ETF Bitcoin en un mastodonte institutionnel, attirant des flux record et ouvrant la voie au bitcoin pour des fonds de pension, assureurs et family offices. Lancé en janvier 2024, l’IBIT s’est imposé comme le meilleur démarrage d’un ETF en trente ans. Il a franchi les 70 milliards de dollars d’actifs sous gestion en seulement 341 jours, un record absolu dans l’histoire des fonds cotés.

Depuis, il est devenu le produit le plus rentable de BlackRock, avec des revenus de frais supérieurs à ceux du célèbre ETF S&P 500 du géant américain. Le fonds continue de battre des records de collecte : à lui seul, l’IBIT capte désormais plus de la moitié des encours totaux investis dans les ETF Bitcoin spot américains, loin devant ses concurrents Fidelity ou Franklin Templeton. BlackRock a également lancé un ETF Ethereum dont l’encours est de 18 milliards de dollars.


Une institutionnalisation massive

Cette institutionnalisation massive intervient dans un contexte où le bitcoin, considéré de plus en plus comme l’équivalent “numérique de l’or” (terme employé par Jérome Powell), connaît une demande sans précédent.

Comme le montrent les données de plusieurs acteurs, et notamment Bitwise dans son dernier rapport, l’accumulation des grands investisseurs réduit l’offre disponible : les réserves sur les plateformes d’échange sont tombées à leur plus bas niveau depuis 2017, accentuant la tension sur les prix et créant ce que certains analystes appellent un “liquidity squeeze”.

Dans ce contexte, le lancement des ETF bitcoin d’Amundi ne sera pas simplement un produit de plus sur le marché : il marque l’entrée officielle d’un autre poids lourd européen dans la course à l’institutionnalisation du bitcoin.


Un marché européen qui fait saliver

Mais si Amundi s’apprête à faire son entrée, le terrain n’est pas vierge. Plusieurs acteurs européens se sont déjà positionnés sur ce marché en plein essor : le britannique CoinShares, le suisse 21Shares, ou encore Bitwise et Hashdex proposent depuis plusieurs années des ETP (Exchange Traded Products) adossés à des cryptomonnaies, principalement le bitcoin et l’ether.

Ces produits, souvent listés sur les places de Zurich, Francfort ou Amsterdam, ont permis aux investisseurs européens d’accéder à la crypto via un véhicule régulé, mais ils n’ont jamais bénéficié de la même puissance de frappe que les géants de la gestion d’actifs. CoinShares, pionnier du secteur, gère aujourd’hui un peu plus de 4 milliards de dollars d’encours, contre plus de 90 milliards pour le seul IBIT de BlackRock.

La différence, c’est donc l’échelle. Avec plus de 2 000 milliards d’euros sous gestion, Amundi peut faire basculer le marché européen des ETP crypto dans une toute nouvelle dimension. L’arrivée du géant français pourrait surtout changer la perception des investisseurs institutionnels, encore frileux face à un actif longtemps jugé trop spéculatif.

“Ce qu’Amundi apporte, c’est la légitimité. C’est le signal que le bitcoin n’est plus un actif marginal, mais un actif d’allocation”, résume un gestionnaire basé à Londres.

Reste un défi : le cadre réglementaire européen. Si la directive MiCA encadre désormais les cryptoactifs, le marché des ETP crypto reste encore en construction sur le Vieux Continent. L’arrivée d’Amundi pourrait justement servir de catalyseur, en poussant les régulateurs à clarifier les conditions de lancement de tels produits.

“C’est une question de mois”, estime un banquier d’investissement familier du dossier. “Les régulateurs savent qu’ils ne peuvent pas se permettre de voir tout le marché partir aux États-Unis.” Encore une fois.

Cette analyse n'est pas un conseil en investissement. Elle a été rédigée sans prendre en compte votre situation personnelle et notamment votre situation financière, votre profil de risque et vos objectifs d’investissement.

Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.