Wall Street bientôt "on chain" ?

De quoi s'agit-il ?

Dans un discours inédit, le nouveau président de la SEC, Paul Atkins, a dévoilé le "projet crypto", un ensemble ambitieux de mesures visant à propulser les États-Unis au rang de leader mondial de la finance numérique.


Les mesures phare

En premier lieu, la majorité des tokens ne seront plus considérés comme des « securities », autrement dit des valeurs mobilières. Une clarification majeure qui va permettre de lever une insécurité juridique pesant depuis des années sur l'écosystème. Par ailleurs, le critère de la "décentralisation" ne sera plus déterminant pour classer un actif. Une rupture majeure avec la ligne actuelle de la SEC, critiquée pour son flou. Enfin, une "innovation exemption" permettra à des projets en phase de développement d'expérimenter avant d'entrer dans le cadre réglementaire classique.


Un contexte politique favorable

Ce discours intervient dans un moment politique clé pour les États-Unis : à peine deux semaines après l'adoption du Genius Act, une loi encadrant les stablecoins et visant à faire des États-Unis la juridiction de référence pour les actifs numériques libellés en dollar. Cette loi, saluée par le secteur, offre un cadre clair aux émetteurs comme Circle ou Paxos, et pose les bases d'un marché des stablecoins pleinement intégré au système financier.


La Banque de France mise sur Ethereum

De quoi s'agit-il ?

La Banque de France travaille sur un système REPO entièrement basé sur Ethereum et incluant l’utilisation de stablecoins. Celui-ci serait déployé sur Morpho Blue, un protocole développé par la start-up française Morpho Labs, qui permet aux institutions de lancer des solutions personnalisées avec leurs paramètres spécifiques.


Quels stablecoins ?

Plus particulièrement, la Banque de France cherche à tester l’utilisation de stablecoins pour ces transactions, ainsi que des fonds du marché monétaire tokenisés déjà déployés. Pour l’instant, les stablecoins en euros et en dollars de SG-Forge, ainsi que le fonds du marché monétaire émis par la startup Spiko, sont les principaux candidats.


Quel est l'objectif ?

L’institution vise ainsi à construire un système de repo entièrement basé sur une blockchain sans autorisation, tout en restant compatible avec les exigences des institutions financières.


Une chambre de compensation sur la blockchain

De quoi s'agit-il ?

Eurex Clearing devient la première chambre de compensation à lancer un service de mobilisation de garanties en direct basé sur la DLT. Pour un premier test, Eurex s’est associée avec J.P. Morgan.


Qu'est-ce que cela change ?

La solution permet d’accéder en temps réel aux titres détenus par différents dépositaires et de les utiliser comme garanties. Cela permet aux institutions de répondre en temps réel aux besoins en garanties (par exemple, en cas de tensions sur les marchés) sans avoir à vendre ou à déplacer physiquement leurs actifs.


Quelle infrastructure ?

Le service est construit sur le registre distribué autorisé de HQLAX, qui est basé sur Corda (R3) et la solution a reçu une approbation réglementaire de la BaFin, le régulateur financier allemand.


Un focus sur les stablecoins

Les origines

A partir de 2014, les premiers stablecoins ont été pensés pour permettre aux investisseurs de se prémunir de la volatilité des cryptoactifs, sans avoir à les reconvertir en monnaie fiduciaire. Adossés à des devises comme le dollar ou l’euro, les stablecoins ne sont pas volatiles.


L'adoption par les banques

Ces derniers mois, la finance traditionnelle s’est emparée du sujet et les plus grandes banques ont créées leur propre stablecoin ou envisage de la faire. Les cas d’usage sont nombreux et cette forme spécifique de cryptoactifs pose clairement la question de l’utilité des MNBC en général et de l’euro numérique en particulier.


L'hégémonie du dollar américain

Les stablecoins sont adossés au dollar américain de manière écrasante : la liquidité en dollar représente à elle seule près de 99% du volume total. Et malgré de récentes tentatives d’imposer un stablecoin euro, comme celle de la Société Générale avec l’EURCV, les Etats Unis sont bien partis pour utiliser cette nouvelle technologie pour prolonger l’hégémonie du dollar américain.


Un focus sur la tokenisation d'actions

De quoi s'agit-il ?

Le principe est relativement simple : il s’agit de prendre des actions classiques et de les convertir en tokens sur une blockchain. Concrètement, un investisseur peut ainsi acquérir des titres 24 heures sur 24. Mais surtout, il peut potentiellement les transférer dans son propre wallet comme n’importe quel autre token, ou les utiliser comme garantie pour emprunter.


Une rupture

Cette vision rompt avec le fonctionnement traditionnel où l’investisseur doit passer par son courtier en suivant des processus parfois archaïques. Le choix d’une infrastructure blockchain n’est pas anodin non plus : transférer des actions d’un intermédiaire à un autre reste un parcours compliqué, où les délais peuvent durer plusieurs. Avec une action tokenisée, un transfert prend quelques secondes, sans perte d’information.


Robinhood, le précurseur

Robinhood fait le pari d’une solution 100 % maison, estimant que la maîtrise complète de la technologie est la condition pour intégrer les spécificités des marchés actions, comme les splits ou les dividendes. La société veut rendre le marché actions aussi simple et fluide que possible, en supprimant les barrières horaires, les frais multiples et les contraintes de garde. Dans cette logique, elle prévoit aussi de permettre à terme d’utiliser ces titres comme garantie pour des crédits.